POLITIQUE | Denis Mukwege fustige Kabila et Tshisekedi : “Un échec cuisant à l’Est de la RDC”

Le prix Nobel de la paix Denis Mukwege a vivement réagi aux récentes déclarations de l’ancien président Joseph Kabila, tout en dressant un bilan sévère de la gestion de la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC par le pouvoir actuel. Dans des propos sans équivoque, le célèbre gynécologue dénonce une continuité dans les échecs et une inquiétante similitude entre les deux régimes.
“Son discours est clair. Il n’a pas condamné le président rwandais comme agresseur alors que nous avons la résolution 2773 qui demande au Rwanda de quitter la RDC sans condition”, a déclaré Mukwege, faisant référence à la récente intervention de Kabila. Le lauréat du Nobel pointe du doigt des “signes qui ne trompent pas”, rappelant que l’ancien chef de l’État était arrivé au pouvoir avec le soutien du Rwanda en 1997. “C’est du déjà-vu”, assène-t-il.
Le docteur Mukwege ne épargne pas non plus l’actuel président Félix Tshisekedi : “Je ne vois pas beaucoup de différence entre ce que Kabila faisait, et ce que Tshisekedi est en train de faire”. Il déplore une corruption qui a pris “des dimensions très inquiétantes” sous le pouvoir actuel, tout en soulignant l’échec patent de la stratégie sécuritaire dans l’Est du pays.
“Là il faut être clair, c’est un échec cuisant”, affirme Mukwege à propos de la situation dans les Kivus. Il critique vertement “l’externalisation de nos services de sécurité” et dénonce une “surmilitarisation” contre-productive. “Du côté congolais, c’est comme si le commandement devient pratiquement impossible”, analyse-t-il, dressant le constat d’une sécurité en déliquescence malgré la présence massive de forces armées.
Ces déclarations tranchées du célèbre défenseur des droits humains interviennent dans un contexte de regain de tensions dans l’Est, où les groupes armés prolifèrent. Alors que Kinshasa accuse toujours Kigali de soutenir la rébellion du M23, les critiques de Mukwege à l’égard des deux derniers régimes congolais jettent une lumière crue sur l’incapacité persistante à résoudre cette crise multiforme. Reste à voir comment réagiront les concernés à ces accusations qui font déjà grand bruit dans les milieux politiques congolais.
Josué KEFEBE