SECURITE | RD Congo : Les civils pris au piège des restes explosifs de guerre

Dans l’est de la République Démocratique du Congo, une menace silencieuse rôde autour des habitations, des écoles et des terrains de jeu. Des restes explosifs de guerre, vestiges des combats récurrents dans le Nord-Kivu, continuent de mutiler et de tuer des civils, particulièrement des enfants. C’est ce qu’a rapporté dans son étude, le Comité international de la Croix-Rouge (CIRC).
Après trois décennies de conflits armés, la région est l’une des plus contaminées au monde par ces armes abandonnées. Selon le rapport 2024 du Landmine Monitor, 87% des victimes sont des civils, dont près de 40% d’enfants. “Ces engins sont souvent petits, colorés, et attirent la curiosité des plus jeunes”, explique dans cet article Marwan Nadim, expert en déminage pour le CICR à Goma. Malgré les opérations de marquage des zones dangereuses, l’accès aux démineurs reste limité dans de nombreuses localités.
Face à cette crise, le CICR a lancé une campagne intensive de sensibilisation. Des sessions avec les leaders communautaires, des spots radio et des affiches sur les réseaux sociaux visent à enseigner les gestes qui sauvent. “Avant, nous vivions avec ces objets sans comprendre le danger”, témoigne dans la même étude un habitant de Mugunga, quartier fortement contaminé de Goma. Pourtant, ces mesures préventives ne suffisent pas : les populations réclament un déminage actif et durable.
L’offensive récente du M23 et les combats autour de Goma ont paralysé les opérations de dépollution. “Les ONG spécialisées ont dû se retirer, laissant des milliers d’engins non neutralisés”, déplore Myriam Favier, cheffe de la sous-délégation du CICR. Les conséquences sont multiples : impossibilité de cultiver les champs, peur permanente des explosions, et traumatismes psychologiques chez les survivants. Les humanitaires alertent sur le risque d’une génération sacrifiée.
Alors que la communauté internationale se concentre sur les aspects militaires du conflit, les organisations humanitaires pressent les belligérants à éviter les zones habitées. “Chaque arme explosive utilisée en ville crée un danger pour des années”, insiste un délégué du CICR dans cet article. Entre urgence médicale, prévention et déminage, la réponse doit être globale. Sans quoi, comme le résume amèrement Franck : “Ici, même jouer peut devenir dangereux.”
Josué KEFEBE