TRIBUNE | Convocation de Joseph Kabila : Un coup d’éclat sans lendemain ? Kinshasa, 19 mai 2025
Le Sénat a fait un geste spectaculaire en convoquant Joseph Kabila Kabange, l’ancien président et actuel sénateur à vie, devant une commission spéciale pour examiner la levée des immunités. Mais derrière cette annonce fracassante, y aura-t-il vraiment des suites concrètes ? L’histoire récente de la RDC nous incite plutôt au scepticisme.
Une procédure à haute tension… mais pour quel résultat ?
Certes, la convocation, signée par Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, semble sérieuse : elle inclut non seulement l’examen des immunités, mais aussi l’éventuelle autorisation de poursuites judiciaires. La Commission a même 72 heures pour rendre son rapport, comme pour marquer une urgence politique.
Pourtant, plusieurs éléments jettent le doute :
Kabila est absent du pays, et aucune procédure concrète ne peut aboutir sans lui.
L’audition express de l’Auditeur général des FARDC ressemble davantage à une mise en scène qu’à une enquête rigoureuse.
Les 72 heures imparties sont-elles réalistes pour un dossier si sensible ? Ou simplement un artifice pour faire parler ?
Le M23 dans l’équation : un prétexte trop pratique ?
Les accusations de liens avec le M23/AFC tombent à point nommé. Alors que Kabila serait à Goma, zone sous contrôle rebelle, cette convocation semble servir un double discours :
Sur le plan intérieur : montrer une fermeté fictive contre l’opposition.
Sur le plan international : justifier des mesures exceptionnelles au nom de la “lutte contre les rébellions”.
Mais qui y croit vraiment ? Dans un pays où les procédures judiciaires contre les anciens dirigeants ont souvent avorté, cette convocation ressemble étrangement à un baroud d’honneur.
Réactions politiques : entre scepticisme et calculs électoraux
L’opposition crie à la manœuvre de diversion, tandis que le pouvoir clame son attachement à l’État de droit. Dans les couloirs du Palais du Peuple, on chuchote que cette convocation pourrait n’être qu’une tactique pour :
Tester la résistance des réseaux kabilistes.
Préparer l’opinion à des mesures plus dures… ou au contraire, à un statu quo habilement maquillé.
Du bruit pour rien ?
À ce stade, tout porte à croire que cette convocation restera un épisode médiatique sans suite. Sans preuves tangibles, sans coopération régionale pour extrader Kabila, et surtout sans volonté politique réelle de bouleverser l’équilibre des forces, le Sénat risque de se contenter… d’un simple rapport enterré.
La vraie question n’est donc pas de savoir si Kabila sera inquiété, mais pourquoi cette convocation a lieu maintenant ? Seul les jours à venir nous en diront plus.
Josué KEFEBE
