JUSTICE | Constant Mutamba dans la tourmente : manœuvre politique ou véritable quête de justice ?

JUSTICE | Constant Mutamba dans la tourmente : manœuvre politique ou véritable quête de justice ?

L’affaire du détournement présumé des fonds destinés à la construction de la prison de Kisangani prend une tournure politique inédite. Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, désormais dans le viseur de la justice, se retrouve au cœur d’une tempête judiciaire qui interroge autant sur les motivations de cette procédure que sur les luttes de pouvoir au sein de l’appareil judiciaire congolais.

Une procédure judiciaire aux relents politiques

La saisine de l’Assemblée nationale par le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, pour obtenir l’autorisation de poursuites contre le ministre de la Justice n’est pas anodine. Elle survient dans un contexte marqué par des tensions palpables entre les deux hommes. En novembre 2024, Mutamba avait ordonné une enquête sur Mvonde, soupçonné d’avoir acquis un immeuble à Bruxelles dans des conditions opaques.

Cette réciprocité des attaques nourrit les spéculations : s’agit-il d’une simple coïncidence judiciaire ou d’une riposte stratégique ? Pour certains observateurs, la démarche du procureur général pourrait être interprétée comme une tentative de « revanche » institutionnelle, voire une manœuvre pour fragiliser un ministre qui a osé s’attaquer à des figures influentes de la magistrature.

Un test pour l’indépendance de la justice congolaise

L’affaire pose également la question de l’autonomie réelle de la justice congolaise. Si les accusations de détournement de 39 millions de dollars sont graves, leur timing et leur médiatisation soulèvent des doutes. Le ministre Mutamba, connu pour ses réformes controversées dans l’appareil judiciaire, a suscité des résistances parmi les techniciens du droit. Ces derniers pourraient-ils instrumentaliser cette affaire pour faire tomber un homme perçu comme une menace pour leurs intérêts ?

La mise en place d’une commission parlementaire pour auditionner Mutamba ajoute une dimension politique au dossier. L’Assemblée nationale, souvent critiquée pour son alignement sur les décisions du pouvoir exécutif, sera-t-elle impartiale ? Ou servira-t-elle de chambre d’enregistrement pour une décision déjà prise en coulisses ?

Mutamba, victime ou coupable ?

Pour l’instant, le ministre de la Justice nie toute implication dans ce présumé détournement. Ses partisans dénoncent une cabale politique destinée à freiner ses réformes. À l’inverse, ses détracteurs estiment que la justice doit suivre son cours, quelle que soit la position de l’accusé.

Cette affaire pourrait marquer un tournant dans la gouvernance de la RDC. Si Mutamba est effectivement poursuivi, cela signifierait que même les plus hautes sphères du pouvoir ne sont pas à l’abri des poursuites. Mais si l’enquête s’avère biaisée par des considérations politiciennes, elle confirmerait les craintes d’une justice sélective, utilisée comme arme de règlement de comptes.

La balle est désormais dans le camp de l’Assemblée nationale. Sa décision déterminera non seulement le sort du ministre, mais aussi la crédibilité des institutions congolaises dans leur capacité à garantir un État de droit impartial et équitable.

Josué KEFEBE

Please follow and like us:
Pin Share

Rédaction | Excellence info |

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Follow by Email
Facebook
X (Twitter)
YouTube