INTERNATIONALE | CEEAC : Un réseau électoral pour sauver la démocratie en Afrique centrale

INTERNATIONALE | CEEAC : Un réseau électoral pour sauver la démocratie en Afrique centrale

Alors que les crises politiques et les contestations électorales secouent régulièrement la région, les pays d’Afrique centrale viennent de lancer une arme inédite pour sauver leurs processus démocratiques : le Réseau des organes de gestion des élections d’Afrique centrale (ROGEAC). Basé à Bujumbura, ce mécanisme ambitieux vise à imposer des scrutins crédibles dans une zone minée par les coups d’État, les fraudes et les violences post-électorales.

“Nous sommes tous affectés par l’instabilité, mais à des degrés divers”, a reconnu Denis Kadima, président de la Commission électorale de la RDC, présent à Bujumbura pour le lancement. Le choix du Burundi n’est pas anodin : ce pays, régulièrement épinglé pour ses élections controversées, accueillera justement un scrutin dans les prochains mois. “On fait d’une pierre deux coups : on adopte nos statuts et on observe une élection réelle”, a-t-il expliqué, soulignant la dimension pragmatique de l’initiative.

Huit pays – Angola, Burundi, Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, RDC et Tchad – ont déjà rejoint le ROGEAC. Leur objectif ? Mutualiser les expertises, standardiser les procédures et surtout, instaurer une “solidarité électorale” inédite. Car le défi est de taille : depuis 2020, quatre États membres (Tchad, Guinée équatoriale, Gabon et RDC) ont connu des transitions contestées, des reports de scrutins ou des accusations de tripatouillages.

Le réseau devra rapidement prouver son utilité. Dès cette année, ses membres observeront les élections burundaises – un premier test sous haute tension. “Il y a beaucoup à apprendre des autres”, a insisté Kadima, évoquant des échanges techniques sur les listes électorales, la sécurité des votes ou la gestion des contentieux.

Mais les sceptiques pointent déjà les limites du projet : comment imposer des standards démocratiques dans des régimes souvent autoritaires ? Le ROGEAC pourra-t-il vraiment critiquer un pays membre ? Pour l’heure, les initiateurs misent sur la pression collective. “Ce n’est pas une coquille vide, c’est un outil de survie pour nos démocraties”, assure un diplomate sous couvert d’anonymat.

Une certitude : l’Afrique centrale, l’une des dernières zones du continent sans mécanisme électoral crédible, ne peut plus se permettre le statu quo. Le ROGEAC sera-t-il la solution ou un nouvel échec ? Réponse dans les urnes.

Josué KEFEBE

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Rédaction | Excellence info |

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