INTERNATIONALE | Escalade Israël-Iran : L’échec stratégique des États-Unis malgré les avertissements

Washington, informé des frappes israéliennes, n’a pas empêché l’attaque, fragilisant les négociations nucléaires et risquant un embrasement régional.
Les frappes israéliennes massives lancées ce vendredi 13 juin contre des sites nucléaires iraniens, dont l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz, marquent un tournant dangereux dans les tensions au Moyen-Orient. Mais derrière cette escalade se profile un échec stratégique des États-Unis : bien qu’avertis à l’avance par Israël, ils n’ont pas su ou voulu empêcher l’opération, tout en maintenant paradoxalement des pourparlers nucléaires prévus dimanche.
Donald Trump a confirmé avoir eu connaissance des plans israéliens, tout en réaffirmant sa ligne dure : “L’Iran ne peut pas avoir la bombe nucléaire”. Pourtant, en retirant préventivement son personnel de la région et en laissant faire Israël, Washington a sciemment pris le risque de saborder les négociations en cours. Une décision d’autant plus surprenante que l’administration américaine a insisté, via son secrétaire d’État Marco Rubio, sur sa “non-implication”, tout en menaçant Téhéran de représailles en cas d’attaque contre ses bases.
Un calcul risqué
L’attaque, qui a coûté la vie au chef d’état-major iranien Mohammad Bagheri, place désormais l’Iran dos au mur. Téhéran, invoquant l’Article 51 de la Charte de l’ONU, promet une “réponse forte”, tandis que son guide suprême Ali Khamenei menace Israël d’un “sort amer et douloureux”. Les États-Unis, bien que non ciblés directement, pourraient subir le contrecoup de cette escalade, l’Iran ayant déjà évoqué des représailles contre leurs intérêts régionaux.
L’ONU impuissante, la région au bord du précipice
Antonio Guterres a appelé à la retenue, mais l’ONU semble dépassée. Les frappes sur des installations nucléaires, en pleines négociations, illustrent l’échec des mécanismes diplomatiques. En choisissant de ne pas freiner Israël, Washington a peut-être cru contrôler l’escalade, mais a en réalité ouvert la porte à un cycle de violence inédit.
Entre passivité calculée et avertissements non suivis d’effets, les États-Unis ont laissé filer une occasion critique de désamorcer la crise. Le prix à payer pourrait être une guerre régionale et l’enterrement définitif de l’accord nucléaire.
Josué KEFEBE