JUSTICE | RDC-Cenaref : Une course contre la montre pour sortir de la liste grise du GAFI

Devant les professionnels des médias réunis dans la capitale, Adler Kisula, secrétaire exécutif de la Cellule nationale de renseignements financiers (CENAREF), a dressé un état des lieux précis des avancées et défis liés à l’inscription de la République démocratique du Congo (RDC) sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) depuis octobre 2022.
Cette mise sous surveillance renforcée découle d’une évaluation du Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (GABAC) tenue à Livingstone, en Zambie. L’objectif : mesurer les progrès du pays dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Si des efforts ont été entrepris, plusieurs failles ont été identifiées, justifiant la surveillance continue de la RDC par la communauté financière internationale.
Dans le cadre d’un plan d’action adopté entre mai 2023 et mai 2025, la RDC s’est engagée à appliquer 23 mesures pour renforcer son dispositif de prévention. Adler Kisula a présenté les statistiques suivantes :
- 13 mesures totalement mises en œuvre (56,52 %),
- 8 partiellement mises en œuvre (34,78 %),
- 2 non encore traitées (8,7 %).
Parmi les actions phares déjà réalisées figurent :
- L’adoption d’une loi spécifique sur la lutte contre le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive ;
- La désignation de la CENAREF comme autorité de régulation nationale ;
- La mise en œuvre de textes d’application et de mécanismes de coopération interinstitutionnelle.
Adler Kisula a averti sur les conséquences graves qu’encourrait la RDC en cas de basculement vers la liste noire du GAFI :
- Réticence des banques internationales à collaborer avec les institutions congolaises ;
- Ralentissement des flux d’investissement étrangers ;
- Restrictions d’accès aux financements internationaux ;
- Atteinte à la réputation du pays sur la scène diplomatique.
Le secrétaire exécutif de la CENAREF a lancé un appel aux autorités nationales, les invitant à accélérer l’exécution des mesures restantes. « Le combat contre le blanchiment n’est pas une affaire d’une institution, c’est une exigence transversale qui concerne tous les secteurs », a-t-il déclaré, plaidant pour une collaboration renforcée entre les institutions financières, judiciaires, policières et politiques.
La RDC a encore quelques mois pour satisfaire aux exigences du GAFI et démontrer la fiabilité de son système. La prochaine évaluation sera décisive pour déterminer si le pays peut espérer une radiation de la liste grise ou, au contraire, risquer un classement plus sévère.
En attendant, la balle est dans le camp du gouvernement, qui doit prouver sa volonté politique, sa capacité administrative et son engagement durable à construire un système financier assaini, crédible et conforme aux standards internationaux.
Rédaction